Le reporting extra financier, comment ça marche pour les entreprises ?
S'imposer une transparence de gestion extra-financière est devenu incontournable. Entre obligations règlementaires et enjeux de crédibilité, les dirigeants et directeurs financiers n'ont d'autre choix que d'adopter cette démarche vertueuse. La mise en œuvre d'un tel reporting n'est pas sans défis car elle impose d'identifier les données clés, de les collecter et de les publier.
Les bénéfices sont pourtant multiples : performance durable, attractivité pour les investisseurs, les opportunités dépassent les contraintes. Reste à ne pas se limiter au minimum légal et faire de ce rapport un véritable levier de création de valeur.
En somme, bien plus qu'une simple vitrine, le reporting extra-financier doit devenir un outil de pilotage au service d'un développement pérenne.
Qu'est-ce que le reporting extra financier
Définition
Approche différente du bilan comptable traditionnel, le reporting extra-financier est un exercice de transparence et de responsabilisation pour les entreprises. Il s'agit de rendre compte des impacts non strictement financiers de leurs activités en matière sociale, environnementale et sociétale. Mises en place de façon volontaire depuis une vingtaine d'années, ces publications extra-financières sont devenues obligatoires dans de nombreux pays.
Objectifs
Au-delà de la conformité réglementaire, la publication d'un rapport extra-financier permet aux entreprises d'améliorer leur gestion des risques. Elle les aide aussi à mieux dialoguer avec leurs parties prenantes, qu'il s'agisse des investisseurs, des ONG ou encore des consommateurs de plus en plus sensibles à ces problématiques.
Le reporting extra-financier s'inscrit dans une démarche d'amélioration continue et son objectif est d'inciter les sociétés à intégrer le développement durable et la responsabilité sociétale au cœur de leur stratégie globale.
Comment mettre en place un reporting extra financier
Identifier les informations pertinentes à publier
En premier lieu, il convient d'effectuer un travail préparatoire concernant l'identification des informations pertinentes à publier dans le cadre du reporting extra-financier. La Commission Européenne préconise aux entreprises de se concentrer sur les éléments liés à leur modèle d'affaires et à leurs principaux risques en matière environnementale, sociale et de gouvernance. Il s'agit notamment des politiques mises en œuvre, des procédures de diligence raisonnable et des résultats obtenus.
Collecter et consolider les données
Ensuite, la collecte et la consolidation des données extra-financières associées constituent une étape décisive. Les entreprises doivent s'appuyer sur des indicateurs quantitatifs et qualitatifs adaptés à leurs activités, comme par exemple leurs émissions de CO2 ou leurs actions en faveur de la diversité. La mise en place de processus de remontée d'informations structurés et d'outils de gestion dédiés comme Sweep facilite cette démarche.
Publier le rapport
Enfin, la publication d'un rapport extra-financier complet et transparent, intégré ou distinct du rapport de gestion, est indispensable. Ce document permet aux parties prenantes d'apprécier la performance globale de l'entreprise. Le respect des référentiels internationaux comme le GRI garantit la qualité et la crédibilité des informations diffusées.
Les avantages d'un reporting extra financier
Améliorer sa performance globale
Effectivement, une bonne gestion des risques extra-financiers et une évaluation rigoureuse des impacts sociaux et environnementaux des activités d'entreprise contribuent à optimiser la performance globale. Le reporting extra-financier permet d'identifier les leviers d'amélioration et de mettre en place les actions adéquates.
Renforcer sa crédibilité
La transparence et la qualité des informations divulguées dans le reporting extra-financier inspirent confiance aux parties prenantes. Cette démarche volontaire démontre l'engagement de l'entreprise en matière de responsabilité sociétale et renforce sa crédibilité.
Attirer les investisseurs responsables
À l'heure où la finance durable se développe, publier des données ESG fiables et complètes permet d'attirer les investisseurs socialement responsables, soucieux des impacts de leurs placements. Au 31 décembre 2022 (selon les chiffres de l'AFG), l'Investissement Responsable – au sens de la règlementation européenne dite SFDR – représente en France 2 240 milliards d'euros, en hausse de 6,9 % par rapport à 2021.
Les obligations réglementaires
Les entreprises concernées
Depuis le milieu des années 2010, la réglementation française a considérablement renforcé les obligations de transparence extra-financière qui pèsent sur les grandes entreprises. Celles qui dépassent certains seuils, notamment un bilan total de 20 millions d'euros et un chiffre d'affaires net de 40 millions, doivent ainsi publier une déclaration de performance extra-financière. Cette obligation s'applique également aux sociétés cotées sur un marché réglementé.
Le contenu obligatoire
La déclaration de performance extra-financière doit contenir des informations sur la manière dont la société prend en compte les conséquences sociales et environnementales de son activité. Elle doit par exemple indiquer sa stratégie RSE, ses politiques de lutte contre les discriminations ou de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre. Le reporting extra-financier impose également de publier des données chiffrées, comme le taux d'émission de CO2 ou la part des femmes dans les effectifs.
Les sanctions en cas de non-conformité
Les sociétés qui ne respectent pas leurs obligations en matière de transparence extra-financière s'exposent à des sanctions de la part de l'Autorité des marchés financiers. Celle-ci peut leur adresser un avertissement, voire une amende pouvant atteindre 20 millions d'euros. En 2019, l'AMF a ainsi infligé une amende de 8 millions d'euros à BNP Paribas pour reporting extra-financier insuffisant. Le non-respect des obligations déclaratives peut aussi entraîner l'exclusion des marchés publics.
Conclusion
Au-delà d'une simple contrainte, le reporting extra-financier est un levier majeur pour améliorer la performance globale des entreprises. S'il nécessite des efforts importants, les bénéfices sont réels. Cette démarche permet de renforcer la crédibilité et d'attirer les investisseurs socialement responsables. Le reporting extra-financier doit devenir un outil de pilotage et non une vitrine et pour cela, les entreprises doivent aller au-delà du minimum légal et s'en saisir pour créer de la valeur durablement.
En définitive, si la RSE impose des obligations nouvelles, elle ouvre aussi des perspectives enthousiasmantes. Le défi du reporting extra-financier peut se transformer en opportunité. À condition d'en faire un projet mobilisateur qui implique toutes les parties prenantes.
Les entreprises ont alors une chance unique de se réinventer pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux de notre temps.